Lendemain de soirée [Anna]

Elle venait à peine de se mettre dans son lit lorsqu'elle entendit cogner à sa porte. Si durant un court instant elle s'est dit qu'elle allait faire comme si elle n'était pas là, bien vite, elle se leva tout de même. À cette heure, cela devait être quelqu'un qui avait besoin d'elle probablement. Elle n'a jamais caché qu'elle était médicomage et n'importe quel voisin pouvait avoir un problème. Ce qui était déjà arrivé.
Elle a tout de même pris sa baguette par prudence et s'est dirigée vers sa porte. Elle a regardé par le judas et a vu qu'effectivement, c'était quelqu'un qui avait besoin d'aide. Pas une voisine, mais pas une surprise non plus. Elle a laissé entré Saroosh, tout en secouant la tête : cette dernière sait très bien ce qu'elle pense de toutes ses bagarres.
Elle s'est retenue de ne pas lui en reparler, elle était en mauvais état, pire que d'habitude. Elle l'a donc soignée, à coup de baguette, des ingrédients qu'elle a toujours chez elle, et une potion rapidement faite. Elle l'a assez bien soignée pour ne pas qu'elle ait trop mal, même si la blonde l'a aussi aidée au niveau de la douleur. Pour passer une bonne nuit.
Une fois un peu mieux, elle a décidé de vérifier si tout allait bien chez elle. Partout. Elle ne ferait jamais ça à l'hôpital ou avec n'importe qui d'autre venant se faire soigner. Là, les soins sont arrivés après. Elle se voyait mal lui dire qu'elles devaient arrêter car ce n'était pas professionnel. Elle aurait trouvé cela bien difficile aussi.

Est-ce que c'est ce qu'elle a grommelé qui l'a réveillée ? Ou encore cet instinct de médicomage qu'elle a ? Mystère, mais elle ne prend pas de temps avant de le faire. À peine quelques secondes après les grommellements poussés par Saroosh, la médicomage est réveillée.
Elle ouvre les yeux, voit la jeune femme mi-couchée, mi-assise dans le lit, qui la regarde. Elle lui fait un sourire encore ensommeillé, elle se redresse ensuite complètement et s'étire. Elle passe la main dans ses cheveux pour essayer de les recoiffer ou tout du moins de les mettre du bon côté de sa tête.
« Ça va ? » qu'elle lui demande. Elle ne pense pas à la qualité de son sommeil. Elle ne la voit pas très bien dans la pénombre de la chambre, alors elle tâtonne à la recherche de sa baguette sur le meuble à côté de son lit, la trouve, l'agite et un peu de lumière se fait.
- Des douleurs plus vives quelque part ? » qu'elle lui demande, elle est déjà réveillée, de cet éveil professionnel, appris au fil des années. Éveil professionnel qui une fois partie va la faire devenir fatiguée, comme si elle venait juste de se réveiller.
Elle examine le corps de la jeune femme, toute lueur de luxure ou d'envie absente. À moins de disparaître, elle ne va pas pouvoir lui échapper.

Spoiler:

Les cheveux en bataille, je regarde la belle allongée à côté de moi se réveiller dans la pénombre, silencieuse. J’aimais bien ces moments, surtout avec elle. Le lendemain de nos ébats, l’instant de l’éveil, avec cette ambiance singulière de l’aurore s’élevant dehors, surtout en ce temps hivernal. C’était des moments suspendus dans le temps, un peu hors du monde. J’aimais ça, c’était sûrement un moyen de fuite, mais je n’avais pas envie de me psychanalyser sur ce sujet. Apprécier quelque chose n’avait pas forcément une explication autre que juste apprécier. N’est-ce pas ?
Alors, le sourire, même endormit, qui vint illuminer le visage de la blonde fut contagieux, et je lui souriais à mon tour. Admiratrice de ses courbes et de sa manière de passer sa main dans ses cheveux comme pour essayer de les coiffer, je clignais lentement des paupières, et davantage lorsque la lumière vint éclairer doucement la chambre.

- Ça va, et toi ?

C’est sans gêne que je la laisse me fixer et observer mes blessures. Aucun sous-entendu sur mon visage, ma faim ayant été assouvie. Même si je n’étais pas contre le fait de remettre le couvert, je n’étais pas une bête non plus. Des fois, la douceur se suffisait à elle-même. D’un geste presque imperceptible, mes lèvres s’étirèrent avant que je ne réponde à la sorcière.

- Les côtes, je me demande si les os se sont bien ressoudés ensemble. Une lueur malicieuse et entendue vint illuminer mon regard noir. Je me demande pourquoi tiens.

Ton taquin, parce que je manquais rarement une opportunité de le faire, je retirais mes mains de mon ventre pour lui laisser la possibilité de me consulter comme elle l’entendait. Puisque je ne savais guère où les placer à présent, je vins perdre mes doigts dans mes cheveux, les autres, sur l’épaule de la jeune femme juste à côté de moi. Un peu pensive et silencieuse, je l’observais en détail, humant discrètement son odeur, appréciant sentir la chaleur de son corps si proche du mien, ça avait quelque chose de rassurant pour moi. Le calme et l’assurance qu’elle pouvait dégager avait un je ne sais quoi d’apaisant pour ma personne. C’était sûrement pour ça que j’appréciais passer du temps avec elle, et que je ne me gênais pas pour venir la voir à l’improviste. C’était un peu comme une petite bouffée d’air frais dans mon quotidien si anxiogène.
En penchant légèrement la tête sur le côté, j’essayais de trouver son regard avec le mien avant de reprendre la parole doucement.

- Désolée, si je t’ai dérangé hier. J’ai pas pensé à te le dire sur le moment. Des fois, je ne réfléchis pas trop tu sais, et bon, j’avais besoin d’aide.

Je n’étais pas très habile avec les mots. J’espérais simplement que Anna puisse comprendre que j’étais venue la voir par réflexe, sans vraiment réfléchir, et parce que j’avais sincèrement besoin de son aide médicale. Le reste de la soirée et de la nuit, je ne l’avais vraiment pas prévu, et même si je ne regrettais rien, Anna était l’une de ces personnes qui avait pu atteindre mon respect. Du coup, je n’avais pas eu l’intention de la déranger d’une quelconque façon que ce soit.

Elle va bien. C'est bon signe. - Ça va. Elle garde son sourire, mais il ne reste pas très longtemps à ce que dit Saroosh. « Désolée... j'aurais pas dû... » lui dit-elle Pas dû croire qu'elle irait bien. « Hey ! » qu'elle réagit, quelques secondes plus tard.
Anna secoue la tête, lève les yeux dans les airs et fait mine d'être fâchée. Elle prend toujours au sérieux lorsque quelqu'un est blessé et elle sait l'utiliser. Elle le sait, mais l'oublie à chaque fois. Elle ne reste pas dans cet état longtemps, elle se met plutôt à examiner la jeune femme.
Ses mouvements se font très professionnels, son regard aussi, bien qu'elle pourrait en profiter. Elle ne le fait pas malgré tout. Elle ne pense même pas à le faire en réalité, elle travaille. Pas dans un hôpital, il n'y a rien de très officiel à sa tenue, mais elle s'occupe de la sorcière qui a été blessée. Il ne lui en faut pas plus pour devenir médicomage, même chez elle, même après les ébats qu'elles ont pu avoir quelques heures auparavant.
Elle ne laisserait jamais un patient la toucher comme vient de le faire la jeune femme, mais elle ne dit rien. Elle sait, quelque part, qu'il n'y a rien de vraiment officiel à cela. Elle est venue pour son aide, l'a aidée, elles ont passé la nuit ensemble, ça reste tout de même présent.
Elle arrête de l'examiner lorsqu'elle la voit qui a baissé la tête pour pouvoir lui parler. Elle la remonte pour que ce soit plus confortable pour toutes les deux.
« Oh bah... tu m'as juste dérangé de ma nuit passionnante avec mon lit et moi... » Rien de bien dérangeant au final, elle a dû le comprendre par le ton qu'elle a employé et le sourire qui s'est formé sur son visage. Elle ne lui en veut pas du tout.
Tout du moins, pas de façon directe. Pas parce qu'elle est arrivée chez elle comme ça. Plus pour la raison qui l'a amenée chez elle. « J'préférerais que t'ailles pas besoin du tout de moi par contre... » Elle le rajoute, quelques secondes plus tard.
La jeune femme doit bien s'en douter, ce n'est pas la première fois qu'elle lui dit cela. Elle se dit qu'à force, cela va bien finir par rentrer dans sa tête. Qu'elle va peut-être hésiter la prochaine fois et que cela va être suffisant pour que rien ne se passe. Ça ne coûte rien d'espérer après tout. « Tu vas avoir le droit de passer à l'improviste. » essaie-t-elle de la tenter.
Parce qu'elle ne voudrait pas que quelque chose d'encore plus grave lui arrive. Qu'elle ne soit pas capable d'arriver jusqu'à chez elle. Elle aime bien Saroosh, ne voudrait pas nécessairement qu'elle change. Elle aime bien son côté fougueux, elle voudrait juste qu'elle fasse attention.
Elle termine de vérifier si tout va bien, mais veut tout de même vérifier. « Ta douleur est supportable, ou tu aimerais qu'elle parte ? » lui demande-t-elle. Elle n'a pas à jouer à la plus forte avec elle ; en même temps, elle ne viendrait pas blessée chez elle si c'était le cas.

Un léger rire s'échappe de mes lèvres alors que, confuse, la blonde s'excuse auprès de moi. N'avait-elle donc pas compris que je la taquinais ? Des fois, j'avais du mal à la cerner, et c'était ce qui me la rendait attirante et intéressante. Comprendre quelqu'un dans son entièreté en une seule soirée, ça n'a pas grand intérêt pour moi. Non pas que je recherche des personnes compliquées à avoir dans mon entourage, mais j'avoue avoir un peu peur de m'ennuyer. Avec Anna, depuis la première nuit, il ne m'était jamais arrivé de ressentir la moindre lassitude. C'était très bien ainsi. Avec elle, je ne me sentais pas jugée, qu'importe l'état dans lequel je pouvais l'aborder, elle était toujours disponible et volontaire pour réparer mes conneries, surtout sur mon corps. J'ignorais si c'était une marque d'affection envers moi, mais quoiqu'il en soit, j'étais certaine qu'elle était dévouée par la passion de son métier.

- Je t'embête, t'excuses pas ! J'en avais envie moi aussi.

Je ne me cachais pas d'avoir ce genre d'instinct primaire. Bien que je ne sois pas une obsédée, je serai bien idiote de refuser la chaleur de quelqu'un.
Retirant ma main de son épaule suite à sa réaction, je la posais alors simplement à côté de moi. Loin de moi l'idée de vouloir la provoquer, pour l'heure, mes hormones étaient calmées, cependant, je ne refusais pas une certaine proximité avec Anna. Mais je respectais son choix, et encore une fois, je mettais cette réaction, dans le fait qu'elle désirait se concentrer sur mes soins.
Regard sombre et perçant, je contemplais alors la forme du visage de la médicomage tandis qu'elle m'inspectait avec professionnalisme. Fin sourire dessiné sur les lèvres, je ne cherchais pas à m'en défaire alors que j'appréciais simplement le moment présent. Elle, moi, ce lit, cette pièce. Nous ensemble et c'était tout. Instant suspendu dans l'espace, au diapason d'un voyage galactique silencieux et apaisant.
Lèvres s'écartant davantage à ses paroles, je clignais des paupières avant de hausser lentement les épaules tout en inspirant longuement. Dans un souffle, je répondais alors d'un ton un peu fataliste, comme si rien ne pouvait être changé.

- Tu t'ennuierais si je venais te voir sans que tu aies à me soigner tu ne crois pas ? Pourtant, sa proposition n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, et c'était les pupilles pleines de malice que je reprenais. Peut-être que je fais exprès de me battre pour venir te voir, qui sait ?

Nouveau petit rire, je grimaçais alors que mes côtes me rappelèrent à l'ordre. Quelle conne je pouvais faire. Instantanément calmée dans mon élan d'espièglerie, je ronchonnais quelque chose en japonais.

- Si tu arrives à faire totalement passer la douleur, ça m'arrangerait. Je vais avoir du boulot à la réserve tout à l'heure, et c'est une période de l'année délicate. Instant de silence. Enfin… je vais aussi assumer de m'être fait mal hein. Penchant un peu la tête en avant, je fixais mon hôte avec une once de douceur. Après je nous fais des cafés. Pour me faire pardonner de t'avoir dérangé de ta torride nuit avec ton lit. C'est que, à force, je connaissais un peu son appartement et certain de ses placards. Le café, c'était ma boisson de survie.

Saroosh se met à rire après l'excuse que Anna lui dit, et cette dernière la regarde, interrogative. Elle secoue la tête, devant son manque de compréhension. Elle n'est pas surprise, cela lui arrive souvent. « J'ai pas vraiment d'humour quand je soigne... » lui dit-elle.
Elle a dû le remarquer. C'est automatique chez elle, elle ne se rend même pas compte lorsqu'elle change. Pas de personnalité, elle reste elle-même, juste en plus contenue... et son sens de l'humour y passe. Ce qui n'est pas plus mal.
Une fois l'état de la jeune femme vérifier, elles parlent. « J'pense pas. » Elle n'en sait rien, ne le pense pas, mais préférerait s'ennuyer que la laisser se blesser pour tromper son ennui plus tard. « On pourrait faire de la musique à la place. » C'est sans douleur. Et cela peut se terminer de la même façon, c'est ce qui est arrivé.
Elle se contente de secouer la tête. Elle ne pense pas qu'elle se batte pour la voir, elle doit bien se douter qu'elle ne voudrait pas qu'elle le fasse. Elle veut bien soigner, mais ça ne veut pas dire qu'il faut que ce soit toujours suite à des blessures volontaires. Enfin, elle ne doit pas prévoir ses blessures, peut-être ses batailles.
La sorcière s'est mise à rire, mais son rire n'a pas duré : elle a toujours mal. La blonde hoche la tête en l'écoutant. Puis, elle quitte le lit, enfile un peignoir. Si elle n'est pas gênée devant la jeune femme, elle n'a pas envie que quelqu'un d'autre puisse la voir.
Elle va à sa cuisine pour aller chercher ce qu'elle a préparé la veille. À vue de nez, elle ne pense pas en avoir assez, elle va tout de même lui en mettre. Un peu, cela va être mieux que rien du tout. Elle retourne à la chambre quelque instant plus tard.
Elle s'installe aux côtés de la blessée. « Ça va être moins froid que hier. » Fraîchement fait, c'est froid. Là, elle va être température pièce. Une chance que la température n'affecte pas son efficacité. Seulement le temps, et ça ne fait que quelques heures qu'elle a été faite.
Elle applique sur ses côtes la concoction, doucement, pour éviter que cela lui fasse trop mal. Elle doit tout de même masser pour que ça puisse bien entrer dans la peau. Il y en a moins que la veille lorsqu'elle l'a appliquée la première fois. La couche est assez mince.
« Y'en a pas assez pour enlever toute ta douleur... mais comme tu veux assumer... » un sourire mutin s'affiche sur son visage. La suite est facile à deviner : comme elle veut assumer, elle va continuer d'avoir un peu mal. Et elle se dit que peut-être, si elle souffre, elle va vouloir éviter de se mettre dans cet état. Pensée probablement encore beaucoup trop optimiste, mais elle ne peut pas s'en empêcher.
Pour se faire pardonner de ce qu'elle a pu insinuer, elle lui embrasse le bout du nez. Elle recule ensuite la tête pour vérifier si sa demande de pardon est acceptée et si elle a le droit à un café.

Devant le sérieux de ma compagne de ce matin, je me contente donc de hausser un peu les épaules avec un fin sourire. J'aime taquiner les gens et ceux que j'apprécie, mais je respectais aussi quand le moment n'était pas venu pour eux. Je savais à quel point Anna mettait du cœur à l'ouvrage lorsqu'elle voulait soigner quelqu'un, alors c'était sans rechigner que je la laissais faire tout en gardant un instant mon sérieux. Perspicace, la jeune femme me dément sans trop d'hésitation, ce qui ne me surprend guère à dire vrai. Même si nous n'étions pas des personnes particulièrement proches en dehors de nos aventures nocturnes, j'avais la naïveté de croire qu'elle m'appréciait quand même un tantinet. De plus, en tant que médicomage, j'étais certaine qu'elle n'avait pas spécialement envie de me voir toujours amochée. Me soigner faisait partie de ce métier qu'elle appréciait tant, ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait me voir le nez en sang.
Suggestion qu'elle me fait non pas au hasard, tentation de revenir aux souvenirs de nos premiers rendez-vous, je lui souris en la regardant dans les yeux, étincelles amusées dans ces iris malicieux.

- Pourquoi pas, effectivement ça pourrait nous changer, et comme ça j'arrêterais de piller ton stock personnel d'ingrédients pour les soins.

C'est sans la retenir que je la regarde retourner dans la cuisiner pour aller chercher ses affaires. Un instant seule, j'en profite pour observer sans vraiment y porter de réelle attention sa chambre, d'un air un peu absent. Je n'étais pas chez moi et ici, j'étais à peu près certaine que je ne me sentirais jamais chez moi. En fait, même à mon domicile je ne me sentais pas à ma place.
Dans un soupir un peu las, je tendais le bras jusqu'au sac que j'avais apporté la veille, l'ouvrais, et attrapais une boite de dragées surprises. Je n'étais pas une droguée du sucre, mais de temps à autre, j'aimais ravir mes papilles avec quelques petits écarts de conduite. Et puisque j'adorais ces machins, j'en mangeais une bonne douzaine à la seconde, comme on pourrait s'enfiler des chips sans savoir s'arrêter. Je n'allais pas rechigner devant un peu de plaisir, mais bientôt, je sentais le mal de ventre arriver. Forcément, à s'enfiler autant de bonbons en si peu de temps, mon estomac n'était pas vraiment d'accord. En plus, le pauvre, il n'était pas vraiment habitué à ça et en plus il n'avait pas eu son café, je le violentais un peu là.
Ravalant un hoquet quand la sorcière blonde vint me rejoindre, je clignais des yeux pour feindre les crampes d'estomac qui commençaient à me prendre d'assaut. Quelle débile je faisais.
Hochant tranquillement la tête, je laissais la jeune femme me soigner et m'étaler son truc, non sans observer la manière dont elle le faisait. La douceur de ses gestes, la concentration que je devinais dans son regard. J'aimais bien voir les gens faire ce qu'ils aimaient. Ils avaient un comportement tout à fait spécial et fascinant à regarder.
À sa plaisanterie, je lui rends son sourire tout en la laissant m'embrasser le nez. Petit rire s'échappant de mes narines, je réponds sans trop d'hésitation.

- C'est parfait comme ça, merci beaucoup de prendre soin de moi. La douleur que je vais trainer toute la journée me fera penser à toi comme ça.

Taquine, je me redressais un peu, lui proposant les dernières dragées qui avaient survécu à mon invasion tantôt. Me penchant vers elle après son regard de chat malheureux, je lui embrasse la joue avant de me relever et de m'étirer de toute ma hauteur. Passant ma main sur ma nuque tout en secouant ma chevelure rosée, je me rendais avant tout aux toilettes. Le pipi du matin, c'est super important, mais aussi pour me déshydrater et essayer de soulager mes maux de ventre. Ensuite, je me rendais à la cuisine pour préparer le café sans me gêner en ouvrant les placards, comme si j'étais chez moi. Je ne ressentais que très peu de gêne dans mon quotidien, ce qui faisait que j'étais une personne si imprévisible.
Posant le tout sur un plateau, je revenais dans la chambre, posant les tasses sur le lit, légère séparation entre Anna et moi. Sur le plateau, j'avais également posé sucre et crème, et même des fruits et quelques biscuits que j'avais trouvés durant ma fouille. Laissant d'abord mon hôte se servir, je la regarde avec tranquillité, comme si tout était normal.

- T'en es ou avec ta pratique de la musique au fait ?

L'idée de la musique semble plaire à Saroosh, c'est déjà un début. Peut-être qu'elle va prendre du temps avant de changer d'habitude, mais au moins, l'idée n'est pas complètement rejetée. Puis bon, elle se dit que les moments qu'elles vont passer ensemble à en faire va lui éviter de se retrouver dans une bagarre. À moins de se battre avec elle, mais elle ne voit pas trop comment cela pourrait être possible.
La blonde n'est pas du genre à se battre, la violence, très peu pour elle. Elle préfère essayer de régler les problèmes en parlant, parlementant, en faisant des compromis qu'user de la violence ou de sa baguette. Il y a toujours moyen de moyenner.
« Aussi... tu commences à devenir chère. » la taquine-t-elle. Elle n'a pas pensé à ce détail, elle y pense rarement. L'argent, ce n'est pas très important pour elle. Les dépenses pour renouveler son stock augmentent selon les besoins et les soins de Saroosh, mais jamais elle n'a eu dans l'idée de la faire rembourser. Pour elle, c'est naturel de lui apporter tous ses soins et de ne pas les lui faire payer d'une manière ou d'une autre.
La sorcière se met à rire à ce qu'elle lui dit, après tout, elle n'a fait que reprendre ses mots. « Ça me dérange pas... mais je préférerais prendre soin de toi pour d'autres raisons. qu'elle lui dit, encore une fois. Elle sait bien qu'elle insiste beaucoup trop et qu'elle va devoir se calmer, elle va peut-être lui donner envie de faire pire. Elle ne l'espère pas, c'est assez dangereux comme ça ce qu'elle fait.
« J'en suis ravie. » Après tout, si ça lui fait penser à elle, elle va peut-être se rappeler de ce qu'elle a pu lui dire : se battre moins. C'est parfait pour elle. Elle secoue ensuite la tête pour refuser les dragées, elle n'est pas très sucrerie de ce genre aussi tôt le matin et, elle tombe toujours sur des goûts bizarres dès qu'elle en prend une au hasard. Elle préfère éviter.
Pendant que la dragonologue s'occupe de préparer le petit déjeuner, elle lit les nouveautés sur la médicomagie qu'elle a reçu la veille sur sa tablette enchantée. Elle a commencé à le lire, sans le terminer, elle reprend donc sa lecture là où elle en était.
Lorsqu'elle entend la jeune femme qui termine avec la salle de bain, elle y va à son tour, remet de l'ordre dans ses cheveux quelque instant plus tard et se les attache en une simple queue de cheval. Juste pour pouvoir manger sans avoir de mèche dans sa bouche, le goût et la sensation n'est pas géniale.
Elle retourne ensuite à sa chambre, reprend sa lecture une nouvelle fois. Absorbée, elle perd ce qui se passe autour d'elle. Elle oublie qu'elle est dans sa chambre et qu'elle est en train d'attendre un petit café au lit. Lorsque Saroosh revient et pose le plateau sur le lit, elle fait le saut.
Elle rit d'elle-même ensuite en secouant la tête, dépose la tablette à côté d'elle, là où elle l'a prise au début. « Merci. » dit-elle. Elle ne fait pas de commentaires sur ce qui accompagne le café, ça ne lui dérange pas. Elle n'est pas une inconnue... et même si c'était une inconnue, cela ne l'aurait pas non plus dérangée. Il lui en faut beaucoup pour que ce soit le cas.
Elle rajoute du sucre et de la crème, brasse le tout et prend la première gorgée. « Très bon. » qu'elle lui dit. En même temps, c'est le café qu'elle aime car elle préfère son goût, il serait assez difficile qu'elle ne puisse pas l'aimer.
« Je pense que ça va... pas la meilleure, mais pas la plus mauvaise. J'avais une professeure, mais elle a déménagé. » Elle hausse les épaules, cela arrive. « Mais... si on en fait plus souvent... » Et voilà, encore une fois, elle revient sur le sujet. Elle est irrécupérable. Elle prend un biscuit, l'air innocent et se met à le manger.

HRP:

Une fois sa lecture rangée, Anna porte attention au plateau amené par Saroosh. Sa faim commence à se faire sentir un peu plus dès qu'elle voit ce qu'elle a pu mettre sur ce dernier. Elle va avoir tout le temps de lire plus tard. Elle se sert, aborde encore une fois le sujet de la jeune femme qui devrait moins se battre, sans trop y penser.
La dite jeune femme ne semble pas trop le prendre mal. Elle la regarde, comme si elle en faisait un jeu... elle aurait préféré qu'elle prenne le tout plus sérieusement. Elle s'inquiète pour sa vie après tout. Elle ne veut pas faire cela pour l'empêcher de vivre ou de faire ce qu'elle veut. Elle veut juste éviter qu'un jour, ou un soir, elle reçoive un coup et que cela en finisse là.
Elle ne pense pas s'inquiéter pour rien et elle pense donner des contreparties assez bonnes à la dragonologue. Juste plus de ce qu'elles font déjà à part lorsqu'elle la soigne. Moins de douleur et plus du reste. Elle ne voit pas trop en quoi c'est mauvais. Elle se dit qu'à force, elle risque peut-être de l'encourager à se battre encore plus. Elle pourrait l'influencer dans le mauvais sens.
Elle n'a pas le temps de compléter que la jeune femme se met à suggérer quelques activités qu'elles pourraient faire afin de poursuivre par elle-même ce que la blonde a commencé à dire. « Un peu de tout ça j'imagine. » qu'elle répond, un petit sourire malicieux au visage. Bien mieux que de devoir la soigner, peu importe ce qu'elles font le plus pour remplacer cette étape. « Et je vais pouvoir m'améliorer. » rajoute-t-elle. Ce qu'elle cherche toujours à faire.
Avec les autres musiciens à la Nouvelle-Orléans, c'était plus facile. Elle était dans le moment, elle se laissait influencer par eux. Seule, elle trouve cela un peu plus compliqué. Elle est plus douée dans l'improvisation qu'en suivant une partition. Elle n'est pas vraiment plus douée pour improviser seule, elle se laissait porter par les autres.
Bref, elle aimerait bien pouvoir jouer un peu plus de piano avec la jeune femme. Cette dernière suggère justement de faire un peu de musique... en quelque sorte. « Hum... on t'a pas appris à pas parler en mangeant ? » et elle se met à rire. Elle est assez douée pour savoir ce que les autres disent lorsqu'ils ont la bouche pleine ou encore déformée, ou peu importe ce qui peut arriver avec une bouche et quelques sortilèges. Il faut bien que son métier serve à autre chose qu'à guérir.
« On peut. » accepte-t-elle, tout de même. Elle lui sourit, continue de manger un peu et de boire son café. On peut, mais après avoir petit déjeuner. Sinon, la concentration risque d'être ailleurs et un nouvel instrument, instrument très naturel, risque de faire son apparition et de ne pas nécessairement être en accord.
« Et puis... même si tu n'es pas blessée, on peut toujours jouer au docteure. » Elle est in-ta-ris-sa-ble. Elle y revient, encore. Mais cela vient de lui passer en tête. Un peu en retard, il est vrai. Faire semblant d'être médicomage (ou docteure) ne lui cause pas de trop de problème tant qu'il n'y a pas de vraies blessures.